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Le jeu de quille

La piste dévolue au jeu de quille était sur la place du village, ombragée par ses sempiternels tilleuls.
Elle s’étendait sur plus de 50 m, en légère montée, couverte de sable grossier et compact.
Les quilles n’étaient en fait que des bûches dégrossies au tour, d’un diamètre d’environ 15 cm ; la boule était également en bois,  très lourde, ce qui en faisait à la fois un jeu de force et d’adresse.
Le jeu était taxé par la municipalité car beaucoup d’argent étaient alors mis en jeu. On a vu certain s’acheter un bœuf grâce au gain empoché au préjudice de malheureux à ce jeu.
Une version réduite de ce jeu traditionnel était « la carabatte », une piste circulaire diam 1.2m en bois où on faisait tourner une boule d’ivoire qui finalement s’abattait sur les quille lestées qui étaient au centre…

A la Boissière, le terrain du jeu était à gauche avant le Mont, vers la petite maison…

Vers 1930, Le maire M. Boisson (père de Félicien) fit ériger un monument aux morts à la place du jeu de quille de Chatonnay (Maire en 1935 : M. Reybardy)

Jeux d’hiver

Comme nous en bob, les enfants (Odette) de Chatonnay pratiquaient le traîneau, en s’élançant depuis l’église jusqu’à chez brigadier, sur une pente rendue encore plus glissante par ces jeux, ce qui ne manquait pas d’alarmer les usagers.
Les hivers étaient, semble-t-il, plus rigoureux que ceux d’aujourd’hui, et les moyens de déneigement mécaniques inexistants.

Les veillées

Avant l’arrivées des fées électriques et radiophoniques dans leurs campagnes, les paysans se réunissaient les soirées d’hiver où le temps était long et l’activité réduite. Ils se visitaient les uns les autres pour partager les frais et dérangements. Les femmes étaient généralement exclues de ces assemblées où on jouait au tarot, souvent pour de l’argent. Les jeux de carte étaient chers à l’achat et taxés par l’Etat car ils étaient le fait de revenus non contrôlés, tout comme le jeu de quille.

La vierge qui tourne et les vierges des aîtres

C’est une statue sainte nichée au dessus de l’entrée d’une maison du quartier Ferrachat, qui avait été retournée mystérieusement, le regard vers la maison. L’institutrice surprit un jour, juché sur un escabeau, le propriétaire qui voulait peut être s’attirer le bon oeil. Ou alors, selon Léa, et une histoire qui se serait déroulée vers 1900, peut être le paysan se sentait il si coupable pour une mauvaise action, qu’il attira l’attention de la statue tutélaire de la maison, vers celle-ci où se passaient de répréhensibles choses…
Beaucoup d’autres vierges gardent ainsi les entrées des maisons de Chatonnay
Autre signe pieux : un linteau en Ferrachat toujours, porte une croix avec la date 1776

La réputation des Chatonnois

Selon Léa qui ne connaissait pas le Rousset, Les habitants du village sont toujours apparus à ceux des villages voisins, comme une population « sorcière » ou à tout le moins dont il faut se méfier devant Dieu. Ainsi depuis 1807 n’y a-t-il plus de curé ni de messes.
Cette réputation de « mauvais chrétiens » vient peut être du temps du prieuré où les seigneurs étaient les ecclésiastiques.
De plus de nombreuses vacances de la cure…
De même le curé Guichard en 1740 décrit-il l’humeur revêche de ses paroissiens…

Le téléphone, l’électricité, la radio…

Après l’eau courante, la faucheuse et le train, ces trois découvertes à Chatonnay furent des étapes emblématiques du progrès
Le premier téléphone fut installé dans les années 30 peu après l’électricité. Le poste était communal, à disposition du public dans la maison du maire d’alors, M. Masson, dans l’ancien presbytère. Il avait déjà été transporté de la maison commune où il fut primitivement installé
Noël a ensuite hérité de ce vieil appareil qui fonctionnait avec une manivelle
Il l’a remplacé par une cabine téléphonique installée dans une de ses dépendances
Le téléphone est maintenant sous la panneau d’affichage municipal, à pièces

Souvenirs de M. Masson sur l’archaïsme des travaux
Au temps où certaines masures étaient encore couvertes de chaumes, les tuiles étaient préparées et cuites à domicile, les femmes les pétrissaient en les moulant sur leur cuisse, ce qui leur donnait de fait une forme unique.
Le blé battu au fléau sur l’aire de la grange, vaste dallage de pierre plates (id pois fèves)
Les femmes moissonnaient à la faucille et les hommes fauchaient à la faux, même après l’apparition des kivas et des moissonneuses
Le premier tracteur au village fut celui du père Gros, ancien maire cultivateur, qui l’acquit « pour 3 paires de bœufs » vers 1949 grâce au plan Marshall
C’était un produit vendu par M. Brun de Lons le saunier, qui fit alors fortune, de vendeur de faux qu’il était, à ce qu’il est aujourd’hui devenu.

La ruine sous Bacu : les vignes à Chatonnay

On découvre sur la droite, en montant le chemin « sous Bacu », une bâtisse ruinée. Elle était utilisée par la famille Boisson, quand les vignes plantées à l’entour nécessitaient de longs travaux d’entretien. Elle abritait les outils et les hommes près de leur lieu de travail. Il y avait tout près beaucoup de ruches. Les vignes s’étendaient alors largement, dans ces terrains inaptes aux autres cultures, jusqu’au Rochard de La Boissière. Certain pieds prolifèrent encore, alors que la végétation couvre et descelle peu à peu les pierres de cette maison qui servait à loger les saisonniers. En ce temps étaient encore élevées ces vignes, dont M. Rousset, dans son dictionnaire des communes, nous entretien des essais d’acclimatation.

Voirie ancienne

Félicien et son père qualifiaient de « chemin neuf » celui qui reliait le pont du Dard au bas de la Valouse, à la vie du Pont, qui était encore fort usité.
La voie depuis le pont vers Arinthod adoptait un tracé en diagonale par rapport à celui actuel, hérité de l’ancienne voie ferrée. C'est-à-dire que la voie traversait les champs actuels, et se prolongeait jusqu’en Chartres.

« Au curtillet » (de curtil : petit jardin ) est derrière « chez brigadier » où passait la vie du pont avant que la route départementale n’y soit construite, en légère déviation par rapport à l’ancien chemin vicinal n°19…

Le Rochard

C’est la voie la plus directe pour se rendre à la Boissière ; elle gravit la barre rocheuse et boisée selon un tracé légèrement différent à une voie plus ancienne, que l’on voit bien aujourd’hui où cette parcelle est dénudée. Cette voie était plus rectiligne et plus large, c'est-à-dire plus adaptée au charroi.
Cette évolution de voirie s’est faite par l’abandon de la force animale et le nouvel usage du chemin, devenu sentier de vaches et de randonnées, jalonné du fil téléphonique qui se fraie un passage à travers les arbres. Ces habitants de la forêt à l’ouest du village, atteignent ici de belles hauteurs et robustesse, grâce à la conformation du terrain protégé par la pente rocheuse. Ce sont des chênes de variété locale, des frênes, des foyards (hêtre), des noisetiers, cerisiers ou pommiers sauvages, appréciés pour leurs fruits. On trouve aussi quelques spécimen de citise, un bois dur et noir utilisé pour en faire des manches résistants, avec une autre essence d’arbuste, le savignon.

Le bois

Chatonnay par sa faible surface, et de son intense défrichement passé, n’est composé aujourd’hui que de bien peu de forêt ; insuffisamment en tout cas pour une pratique régulière d’affouage, comme elle est en usage dans les villages alentour.
Nous ne pouvons dire si nos anciens éprouvèrent le regret d’avoir ainsi épuisé leurs forêts, car pour tous, le bois était une ressource vitale, avant l’avènement du charbon.
Ainsi nos vieux Chatonnoy courraient ils déjà, vers Givria, Agea, La Boissière, ou Chambéria, pour reprendre les pièces d’ouvrage forestier que ne voulait pas leur titulaire, ce qui arrivait souvent dans le cas où celui-ci était âgé. Les coupes du bois d’affouages étaient tirées au sort et attribuées à chaque feu ou cheminée.
Alors que l’œuvre de bûcheron était vu comme des plus rude, nos riverains ne se sont jamais défiés de cette nécessité. Ils partaient à l’aube pour la journée, tous, bœufs, hommes, manouvriers ou charron, à la coupe qu’il fallait débroussailler, raser, ou éclaircir, selon les termes du contrat passé avec le garde champêtre.
Tout était coupé à force d’homme, avec une serpe, une hache ou une scie passe-partout, qui étaient fabriquée par le forgeron. Et si la profession de celui-ci se couple si bien avec celle de charron, c’est car ce métier était nécessaire au village, notamment pour débarder et convoyer le bois depuis des coupes éloignées.
Voir la carte postale de la Quinquenouille (prise du lieu dit « vers les pins », où se trouvaient des vignes), pour constater le dénuement des forêts vers 1900.

Le Bois de Givria

Ce lieu dit ainsi, qui surplombe aujourd’hui la route départementale, est un bien communal qui servit longtemps de pâture commune, avant sa mise en ferme. Selon la tradition, il avait été défriché par les moines du prieuré, bien avant la révolution.

La famille de Félicien

Félicien est né en 1926 à Chatonnay, de Eugène Boisson, et d’Alphonsine Bouquerod venue de La Boissière. Son oncle Louis, qui était charron forgeron, est parti se marier à La Boissière, pour s’installer à son compte dans la maison laissée par son frère mort au champ d’honneur. Marc, l’oncle de F, le dernier forgeron, était le père de Henri qui vient encore quelquefois.
Félicien se souvient du temps où le village était encore bien vivante. Né en 1926, il a vu le forgeron charron, son oncle, faire taire son marteau sur l’enclume et laisser à l’abandon sa forge, faute de travail. Il a vu la roue du moulin s’arrêter sous le coup du bulldozer, et la fromagerie péricliter en même temps que les petites exploitations agricoles. Il a vu le village se vider, les façades se lézarder et les immeubles tomber en ruines.

Les Massons au presbytère de Chatonnay

Maison achetée de M. Léon Comte de Dramelay
Les Masson venaient de Bringes, où ils étaient meunier de père en fils depuis Guillaume Masson en 1635. Noël a grandi dans cet édifice proche de l’église, au cœur du village.
Il a vu sa mère ne manger qu’après les hommes, et retirée sous la grande cheminée.
Le perron est une pierre « qui s’est vendue » de l’ancien prieuré ruiné
Pierre à inscription gothique usée par les pas qui devait servir auparavant de seuil à la maison prieurale
Le grand père de Noël, Alix Masson, décédé en 1956, «dit « Bari » (de Barrique ou double décalitre) avait acheté cette belle demeure de M. Comte de Dramelay. Il avait réussi à devenir « maquignon », c'est-à-dire marchand de mouton et autre bétail
Il était un des seuls avant guerre a avoir une jument de trait et une voiture, avec le père Gros
C’est pourquoi Noël a lui aussi toujours eu des chevaux en plus de ses moutons.

L’école de Chatonnay ferma vers 1961 et les enfants durent aller à la Boissière, comme ils le faisaient déjà pour le catéchisme. Certain, comme Noël, allaient à Marigna pour l’enseignement religieux.
Félicien a eu son certificat d’étude en 1937, avec les enseignements de Mme Suzanne Vattard d’Augisey, « une sacrée institutrice », fort respectée des élèves et des parents. Les absences à l’école étaient découragées par les pénalités que devaient payer les parents à l’académie. Mais elles arrivaient quand même, lorsqu’il fallait garder les vaches ou rentrer les foins.
Félicien se souvient aussi de séances facultatives de préparation militaire et physique, dispensée à Arinthod par un garde des eaux et forêts.

Changement de Climat ?

Ainsi Félicien se souvient des congères énormes qui se formaient, notamment au lieu dit « sur confise », ce qui veut justement dire « congère » dans le patois local. Ce lieu au sud du village, était anciennement clos d’une haie épaisse dont ne restent que deux gros foyards. Un chemin d’exploitation courrait le long de cette haie jusqu’à l’orée de la forêt à l’Ouest. Sans doute cette haie devait elle servir à retenir le terrain, car celui-ci, récemment à l’occasion de fortes pluies, glissa suffisamment pour ouvrir de grands trous béants dans la pente en contrebas.
Selon Félicien, il se produisait ici de longues congères, quelquefois sur une grande hauteur. Maintenant ces amas sont plus rares car, sans la haie, la bise a le champs libre d’entrave pour emporter la neige au loin. De plus les hivers sont moins rigoureux que ceux que nous décrivent les anciens, avec des chutes de neige et des gelées d’octobre à avril. Il n’était pas rare de devoir se priver de tout déplacement, tant les chemins étaient enneigés et rendus impraticables.

Peut être le climat a-t-il changé depuis la création du lac de Vouglans : la vallée de la Valouse connaîtrait des hivers moins rigoureux et relativement plus de brouillard.

 


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