Le pain et les fours

 

Avec la farine apportée par le meunier, dans sa sempiternelle carriole (sauf pendant la guerre car ce fut interdit sous peine de confiscation), et le levain (reste d’une pâte précédente ayant fermenté, gardé dans un pot qui circulait à tour de rôle parmi les habitants), chacun pétrissait sa pâte, souvent dans le pétrin aménagé sous la table de la cuisine.
La cuisson avait lieu régulièrement selon les besoins et les arrangements du quartier. Chaque fournée était un moment de réjouissance, et on enfournait volontiers quelques galettes pour profiter du refroidissement très lent.
On s’arrangeait aussi quelquefois pour avoir du pain frai de celui qui devait nous délivrer le levain, comme on s’arrangeait aussi autrefois pour tour à tour tuer un cochon et s’inviter mutuellement à une fête pour l’occasion
Les plus vieux fours à pain se trouvaient bâtis dans la maison, de sorte que sa gueule, sa porte d’enfournement, s’ouvrait dans un coin de la cuisine. Ce four chauffait par la même occasion les murs de la maison, ce qui pouvait être gênant pour ses habitants pendant l’été. Ces vieilles bâtisses n’avaient souvent, en guise de foyer, que leur four à pain.
Ainsi Félicien Boisson et Jean Maire savent ils de leurs parents, que leur foyer étaient disposé de telle manière.
Après la destruction de ce four à l’intérieur, Félicien en avait rebâti un nouveau, avec son père, à quelques pas de ses murs, où est maintenant garée sa sempiternelle 4L. Ce four ne marchait plus dès les années 60, sa sole s’était déjà beaucoup usée à force d’en tirer les braises, et des briques de sa voûte étaient tombées. Malgré leur remplacement et leur scellement avec de la terre réfractaire, ces briques ne tenaient plus dans la structure de la voûte, et Félicien se résolut à le détruire, pour ne laisser que la bâtisse.
Aujourd’hui, témoins de ce passé, ne subsistent que deux fours, sur la dizaine, au moins, que comptait le village. Il en reste un sur la place du village, celui de M. Gros Stéphane, boulanger qui l’utilisait voilà peu de temps à la fabrication d’un excellent pain. L’autre, sis dans une bâtisse au sud du village, est aujourd’hui hors d’état de fonctionner.
On faisait ainsi son pain à Chatonnay jusqu’en 1980 environ, Léa Desmontès et Victor Gros…


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