Les Follets et le "Chausseur" d'Arinthod

Les récits de Geneviève

La bonne Geneviève d'Arinthod avait vu tout les follets de la contrée, et elle ne se cachait pas d'avoir assisté quelquefois à la "synagogue". Se trouvant un soir dans un moulin, près d'Arinthod, elle vit, après souper, tout les gens de la maisson prendre une petite fiole, et, de son contenu, se frotter les jointures des membres. Aussitôt les voilà qui partent les uns après les autres par la cheminée. Ne sachant que penser de cette singulière sortie, Geneviève court à la croisée, et voit un pommier chargé d'une volée d'oiseaux de toutes couleurs qui se livraient à un ramage étourdissant. Sa première pensée fut de faire un geste de croix, et aussitôt tout les sorciers emplumés s'envolèrent en poussant des cris.

Une autre fois, revenant un peu tard de la foire d'Arinthod, Geneviève aperçut au loin la lueur d'un feu. Elle se dirigea vers ce foyer. Là, elle remarqua, dans un buison, une bouteille qu'elle ramassa. Elle la débuocha par curiosité et versa dans le creux de sa main une goutte du liquide que contient la fiole. Au même instant cette main se change en patte de loup. Que faire ? Elle se désole. Par bonheur, en regardant autour d'elle, elle découvre un autre flacon. Elle hésite un moment à le prendre ; mais, supposant que celui-ci peut bien contenir un spécifique réparateur, elle se hasarde à en répandre une goutte sur sa patte honteuse ; et elle a le bonheur de la voir renaître à sa forme humaine. En même temps, elle commece à voir se trémousser autour du foyer la danse diabolique du sabbat, composée d'une foule de gens dont les figures et les noms lui étaient familiers.

Dans le pays d'Arinthod, le "Chausseur" n'est pas moins redouté que le Follet. Une femme se plaint-elle à sa voisine d'avoir eû le cauchemard pendant la nuit, celle-ci ne manque pas de lui dire : « O Dama é i ait lou chausseu que vous a enchaussa ! »

Christine de Rougemont, honnête et simple paysanne, mais issue d'une maison noble qui conservait encore l'épée d'un de ses ancêtres, racontait à peu près en ces termes la connaissance qu'elle avait faite avec le "Chausseur" : « J'étais couchée ; j'entendais dans la chambre comme les pas de quelqu'un qui aurait marché pesament. Puis ça monta sur le pied de mon lit ; les feuilles de al paillasse crièrent sous la pression, et bientôt ma poitrine fut oppressée d'un poids qui s'y posa. On me saisit par le cou. J'entendis en même temps : han ! han ! expression des efforts que l'on faisait pour me suffoquer. Mon mari m'entendait gémir et râler, me secoua violement. ça me quitta aussitôt, et nous entendîmes tout deux le froissement des feuilles de la paillasse et les mêmes pas dans la chambre. J'étais délivrée du Chausseur. »

Le "follet de Cornod" est un espiègle dont tout les bons tours se terminent par un ricanement accentué. Ses malices passent souvent les bornes de la plaisanterie. Partout il s'attache au pas des ivrognes, des peureux, des imbéciles qu'il turlupine de son mieux. Sous la "côte de l'âne" entre Cornod et Santonnas, il se tient en embuscade pour s'amuser des voyageurs. Il l'arrêt, il secoue la hotte ou le panier qu'il porte, ou glisse sur sa tête comme un coup de vent. Heureux pour qui ces espiègleries ne dégénèent en voie de fait. Couronné Rochet, qui revenait un jour de Santonnas, ayant à son bras un petit panier de couturière, se sentit tout à coup arrêtée par une force incompréhensible ; puis elle entendit comme un grand vent passer près d'elle. Son panier fut, à plusieurs reprises, secoué violemment, puis un rude soufflet failli la renverser. au même instant, un long éclat de rire se fit entendre.

Les sorcières de Lavans-sur-Valouse

Deux femmes, Guillauma Proby, d'Enchey, et Louise Thevenin, du même lieu, furent poursuivies comme sorcières, il y a 300 ans!. Dans leur interrogatoire, ces femmes avouèrent « qu'elles avaient jeté une fois dans l'étang de Balide, rière Enchey, certaines eaux qu'elles avaeint eues de leur démon, et que tout aussitôt s'élevèrent plusieurs brouillard ou "nielles", qu'elles envoyèrent sur les noyers du village de Cornod, au moyen de quoi les fruits des arbres tombèrent à terre pour la plupart » Boguet dit que Guillauma Proby avait une marque au coup, de couleur brune, et de la grandeur d'un petit denier ; que pour la recevoir elle s'était mise à genoux tenant en main une chandelle ardente et renonçant à Dieu, chrême, baptême, et sa part de paradis. Boguet ajoute que cette femme planta dans cette marque, en sa présence, une grosse épingle, sans ressentir aucune douleur.

Sources :

Charles Thuriet, "Traditions populaires du Jura", imp. G. Mareschal, Poligny, 1877

Annuaire du Jura 1852


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